Le projet européen SISPyr précède le projet POCRISC. Il a été financé par le programme POCTEFA 2007–2013 France-Espagne-Andorre avec l’IGC (Institut Geològic de Catalunya, maintenant ICGC) comme chef de file et comme partenaires : OMP-UPS (Observatoire Midi-Pyrénées-Université Paul Sabatier) et BRGM (en France), IGN (Instituto Geográfico Nacional), UPC (Universitat Politècnica de Catalunya) en Espagne.
Le programme avait pour objectifs la mise en commun des systèmes d’acquisition de données sur les séismes et une meilleure adéquation des moyens scientifiques à la préparation de la gestion de crise sismique dans l’espace pyrénéen. Le contenu du projet est archivé ci-dessous :
La connaissance de l’aléa sismique et des mécanismes régissant la sismicité des Pyrénées est basée sur l’observation des phénomènes.
Les objectifs d’alerte et de mise à disposition rapide de produits de qualité en cas de crise (localisation précise, estimation fiable de la magnitude, cartes d’amplitude du mouvement du sol) ne seront donc envisageables que si les acteurs peuvent s’appuyer sur un réseau de stations homogène géographiquement, équipées de capteurs adaptés (vélocimètres à large bande passante ou accéléromètres), et capables de transmettre leurs enregistrements continus en temps-réel, avec des formats et via des protocoles standardisés. Dans cette tâche est prévue la :
- installation de 7 nouvelles stations large-bande à transmission en temps réel
- évolution de 22 stations accélérométriques vers la transmission en temps réel
- mise en place d’un groupe transfrontalier d’experts sur l’intervention postsismique
Carte des stations sismiques existantes et envisagées.
A partir des réseaux d’observation des quatre établissements, dans cette tâche se contemplent les actions suivantes : la mise en commun des données issues des réseaux d’observations sismiques français et espagnols (IGC, IGN, OMP, BRGM), partage en temps réel et l’archivage commun franco-espagnol de l’ensemble des données issues des réseaux, création d’une plateforme d’interopérabilité qui pérennise le suivi de la sismicité des Pyrénées.
La valorisation des données d’observation sur l’ensemble des Pyrénées faite dans la tâche précédente ouvre des perspectives de recherche scientifique sur les mécanismes à la source et les modèles d’atténuation du mouvement sismique. Le développement d’un modèle crustal 3D de la chaîne des Pyrénées est envisagé dans le cadre du projet. Le développement, à partir des données d’observation, de calcul automatique de tenseurs de moment sera réalisé pour les séismes de la zone de projet. Ce paramètre caractérisant l’agression sismique sera, si possible, intégré à la réalisation des futures shake-map.
Mécanismes au foyer des événements de magnitude supérieure à 4 pour la période 1967-1997.
Afin d’apporter une aide aux acteurs de la gestion de crise, il est envisagé de développer dans le cadre du programme, la génération de cartes de mouvements du sol dans les minutes qui suivent un tremblement de terre : « shake maps ». Ces cartes directement établies à partir du réseau commun d’observation sismique constituent l’agression sismique pour d’éventuels scenarios de dommages sur des zones potentiellement sinistrées.
Exemple de shake map
Un scénario de risque consiste à évaluer sur un territoire, les dommages que pourrait provoquer un séisme. Les scénarii de risque, réalisés sur zones pilotes, prendront en compte des séismes nommés probabilistes (définis par une période de retour) ou bien des tremblements de terre connus, comme celui-ci de Val d’Aran en 1923, d’intensité VIII. Différents niveaux de scénarios sont envisagés depuis l’analyse de dommage, appréhendée de façon statistique à l’échelle communale jusqu’à la modélisation du comportement d’un bâtiment isolé.
Ces scénarios intégreront en particulier :
- la modulation de l’aléa local par prise compte des effets de sites géologiques,
- la vulnérabilité du bâti : à partir de différentes méthodes,
- la vulnérabilité des réseaux de communication (axes routiers)
Si certaines actions concernent l’ensemble des Pyrénées, le choix de zones pilotes, base de développements méthodologiques repose sur l’activité sismique d’une part et sur la présence d’enjeux particuliers :
- la Cerdagne et l’Andorre, prolongation des actions du projet ISARD
- Val d’Aran et les cantons de Luchon et Saint-Béat comme zone transfrontalière touristique,
- les villes de Lourdes et Girone pour les populations potentiellement exposées,
- les lycées des Pyrénées Orientales et la province de Girona en Espagne et
- le bâti courant des départements de l’Aude, l’Ariège, l’Haute Garonne et les Pyrénées Orientales.
Dégats du séisme de Queralbs (2004).
Cette action, axée sur la prévention du risque sismique au niveau de la zone transfrontalière pyrénéenne, est destiné à l’amélioration de la gestion de crise par l’étude de faisabilité d’un système d’alerte sismique précoce valorisant le réseau de surveillance sismique. Le principe du système d’alerte sismique précoce (EWS : Early Warning System) consiste, lorsque qu’un séisme vient juste de survenir, à fournir une alerte dès les premières secondes de manière à pouvoir mettre en œuvre des procédures permettant de minimiser les dommages.
L’objectif de cette action est de montrer la faisabilité technique et l’intérêt, à l’échelle des Pyrénées, d’un tel outil de limitation de l’exposition des enjeux à l’aléa sismique et de préparation à la crise. Les travaux à conduire peuvent se décliner selon quatre axes :
- architecture du système d’alerte
- traitement des données en temps réel
- élaboration des alertes précoces
- faisabilité d’un EWS pyrénéen à travers une phase de tests
Schéma simplifié du principe d’un EWS utilisant un paramètre de période τ (d’après Kanamori, 2005)
Dans le cadre de ce projet est prévue l’élaboration de documents de sensibilisation au risque sismique à l’échelle des Pyrénées intégrant les résultats du projet et les actions menées par les partenaires de projet ainsi que les end-users du programme.
De la même façon, des actions de sensibilisation au risque sismique en milieu scolaire, réalisées en partenariat avec les Académies concernées de la zone éligible au programme, des réunions publiques ou des conférences d’information sur le risque sismique dans les Pyrénées ainsi que des séminaires de restitution des travaux, en partenariat avec les collectivités locales, seront organisés localement dans les zones pilotes de projet en présence des élus concernés et des représentants des services de l’Etat : Cerdagne et Val d’Aran / Luchonnais.
Les résultats du projet se diffuseront à travers la participation aux congrès scientifiques : rencontres nationales d’acteurs de l’ingénierie parasismique et de la sismologie (AFPS, AEIS notamment), congrès internationaux relatifs à l’amélioration des connaissances sur l’aléa sismique, la vulnérabilité des bâtiment, la mitigation du risque sismique avec la réalisation de présentations publiques ou de posters dédiés au projet ainsi que la publication d’articles dans les revues scientifiques selon les résultats produits seront naturellement favorisées.