Un retour d'expérience a été élaboré suite à l'exercice de crise POCRISC des 18 et 19 novembre 2021 à Tarbes-Séméac (Hautes-Pyrénées, France). L’objectif de l’exercice de crise de novembre 2021 est de permettre aux praticiens de se préparer à un séisme de grande ampleur, en testant l'apport des outils développés dans le cadre du projet.
Le retour d'expérience permet d'évaluer les décisions et les actions prises pendant l'exercice, en comparant les points de vue de toutes les parties prenantes, et d'entamer un processus d'amélioration qui peut impliquer une mise à jour des plans et des procédures avec une attention particulière à la coordination et la conduite de la fonction d'évaluation des dommages.
Un questionnaire a été envoyé aux participants de l'exercice afin de connaitre leurs impressions et avis sur les actions ayant été menées.
- Articulation au sein du COD (Centre Opérationnel Départemental) et coordination avec le DAC (Dispositif d’Appui à la Coordination)
La gestion d'une crise sismique nécessite l'activation de nombreuses fonctions de coordination rattachées au COD. Parmi elles, un groupe de travail dédié à l'évaluation des dommages a été créé : le DAC (Dispositif d’Appui à la Coordination), destiné à rapporter au chef de la coordination uniquement les informations nécessaires à la gestion globale de la crise.
Les réponses au questionnaire montrent des opinions contrastées sur les interactions entre ces deux unités.
Les points d'amélioration identifiés concernent notamment l'exigence :
- Pour les autorités, d'identifier les experts disponibles pour intervenir (associations, institutions, etc.), de leur attribuer des tâches prioritaires et de leur fournir les moyens d'une coordination efficace ;
- Pour les experts, d'identifier les attentes des autorités et de les conseiller sur la priorisation et les résultats des expertises réalisées.
- Fonctionnement du Dispositif d’Appui à la Coordination (DAC)
De façon générale, l'action du DAC a été jugée positivement. notamment concernant la composition du groupe de travail, et sa coordination. Afin d'améliorer l'efficacité du travail du DAC, il a été suggéré d’intégrer des agents techniques des municipalités les plus endommagées. Le principe retenu pour la constitution des équipes d'enquête de terrain a été de privilégier les binômes mixtes, associant un inspecteur des associations volontaires à un sapeur-pompier expert.
- Contribution de la plateforme numérique POCRISC
La plateforme numérique POCRISC a été appréciée par les participants, tant pour les fonctions fournies que pour sa facilité d'utilisation. Néanmoins, les deux composantes de la plateforme doivent être considérées séparément : au niveau du DAC, la fonction de coordination a été utilisée via une plateforme web-SIG, tandis que les inspecteurs de terrain ont utilisé une application mobile sur smartphone (Figure 4 et Figure 5 Post-earthquake damage assessment: feedback from a cross-border crisis exercise ©19th ISCRAM Conference ).
- Utilisation de la plateforme numérique de coordination par le DAC
La plateforme de coordination, a permis l'attribution des tâches d'évaluation des bâtiments par binôme, soit en identifiant les secteurs à investir sur la carte, soit en identifiant les bâtiments individuellement. Après une phase de formation, la prise en main de l'outil s'est avérée relativement aisée, malgré des problèmes liés à l'attribution de certaines zones cibles très larges et ne disposant pas toujours des données cadastrales chargées dans l’outil.
Cependant, la fonctionnalité la plus précieuse pour le DAC reste la possibilité de recevoir en temps réel les résultats des équipes déployées sur le terrain. Il fournit une vue constamment mise à jour de la situation et permet de gagner un temps considérable pour la consolidation des données. Ce processus de transfert dynamique des données depuis le terrain s'est avéré très efficace. Les utilisateurs et les observateurs ont souligné le manque de fonctions permettant d'utiliser plus facilement les données de terrain pour signaler efficacement les dégâts aux autorités municipales, afin qu'elles puissent prendre des décisions et des mesures de sauvegarde concernant l'occupation.
- Utilisation de l'application mobile par les inspecteurs de terrain
Hormis quelques difficultés de téléchargement et de configuration, l'application mobile a fonctionné correctement sur les appareils Android. Si la cartographie fournie dans l'application permettait aux inspecteurs de trouver relativement facilement la zone d'enquête, le positionnement exact des bâtiments était plus difficile. Les utilisateurs suggèrent d'améliorer l'utilisation du GPS embarqué et d'ajouter un fond de carte en vue aérienne, ainsi que l'utilisation de services de navigation embarqués tels que GoogleMap. Le choix du référentiel utilisé pourra être révisé car le positionnement précis des bâtiments est essentiel pour l'évaluation des dommages aux bâtiments dans les zones urbaines denses pour des inspecteurs ne connaissant pas la zone d'enquête.
Une fois le bâtiment localisé, la saisie in-situ du formulaire d'enquête via l'application s'est avérée fonctionnelle, même si de nombreux inspecteurs ont souligné la nécessité d'améliorer la navigation au sein du formulaire, notamment en reproduisant le cheminement logique de sa version papier, ainsi qu'en proposant une vue synthétique des informations avant validation.
Certains inspecteurs se sont plaints que l'application, à son stade actuel, ne comprend aucun protocole permettant aux inspecteurs de communiquer avec le COD et ont exprimé le besoin de pouvoir ré-ouvrir les taches effectuées afin de les corriger.
CONCLUSION
Avec une évaluation moyenne de 4,2 sur 5, les participants impliqués dans l'évaluation des dommages sont généralement très satisfaits de l'exercice. Les principaux enseignements tirés de l'exercice concernent la contribution de l'outil numérique POCRISC pour soutenir la coordination et l'exécution de l'évaluation des dommages aux bâtiments. Bien que des améliorations soient nécessaires pour le rendre plus efficace, la majorité des participants au questionnaire souhaitent l'utiliser à l'avenir. Toutefois, le retour d'information montre également que l'utilisation de systèmes d'attribution de tâches hautement automatisés, tels que la plateforme Pocrisc, ne doit pas détourner les parties prenantes de la nécessité d'un retour d'information fréquent entre les inspecteurs sur le terrain et leurs points de contact au sein du DAC.